• le réveil national

    Les années 1860-1875 marquent un brusque réveil politique. Après la publication du « Diplôme d’octobre » (1860), le gouvernement autrichien semble favorable à un régime fédéral. Certains catholiques slovaques se rapprochent des libéraux hongrois contre Vienne et forment la Nouvelle École (Nová Škola). Mais, les 6 et 7 juin 1861, une Assemblée nationale est convoquée à Turčiansky Svätý Martin, une petite ville de 3 000 habitants qui sera jusqu’en 1918 le centre du mouvement national. Le mémorandum de la nation slovaque de 1861 demande que l’on définisse officiellement la nation et la langue slovaques, et que l’on délimite une région slovaque, l’Okolie, qui bénéficierait de l’autonomie. Plus prudents qu’en 1848, les représentants slovaques ne réclament plus une diète particulière.

    Dans l’application de ce programme, deux tendances se heurtent : les uns, l’Ancienne École (Stará Škola), sont intransigeants sur la délimitation de la Slovaquie ; les autres seraient prêts à l’abandonner en échange de concessions sur les écoles et l’usage du slovaque dans la basse administration.

    Mais les Hongrois refusent toute réforme. Alors, les Slovaques se tournent vers la cour de Vienne. Le 12 décembre 1861, un mémorandum approuvé à Turčiansky Svätý Martin est remis à l’empereur François-Joseph par l’évêque catholique Štefan Moyses et par le pasteur Karol Kuzmány, mais sans résultats.

    En 1863 est créée à Turčiansky Svätý Martin la Slovenska Matice, organisme culturel inspiré du modèle tchèque, qui doit à la fois encourager les publications en langue slovaque et aider le développement d’écoles secondaires slovaques.

    Mais le Compromis de 1867 apporte une terrible déception : dans l’Autriche-Hongrie, les Hongrois seront maîtres de leurs nationalités sans que Vienne puisse intervenir pour les modérer. Une loi des nationalités volée en 1868 par le Parlement hongrois promet le respect des langues nationales, mais elle n’est pas appliquée. Le mouvement slovaque se divise : la Nouvelle École, qui édite en 1868 le journal Slovenskje Novini, veut collaborer avec les Hongrois et attaque les partisans du mémorandum de 1861. Le sort des Slaves de Haute-Hongrie ne cesse de se détériorer. En 1865-1868, ceux-ci n’ont qu’un seul représentant à la diète, un Ruthène, Adolf Dobrjanszkij ; en 1869 s’y ajoute un député slovaque, Viliam Pauliny-Tóth.

    À partir de 1875, le gouvernement hongrois de Kálmán Tisza mène une politique de magyarisation à outrance. À ses yeux, « le Slovaque n’est pas un homme », la nation slovaque n’existe pas. Cette même année, la Slovenska Matice est fermée par les autorités. Les Hongrois créent la Femke, « Association d’éducation de la Haute-Hongrie », pour accélérer la magyarisation des écoles. L’Église évangélique même est soumise au contrôle de l’État. Le parti national slovaque ne peut agir : en 1884, il décide le boycottage des élections tant que la Hongrie ne respectera pas la loi des nationalités de 1868.

     


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